Le FN mouillé jusqu'aux omoplates!
C'est à croire qu'ils se sont donné le mot. Sur l'ensemble des chaînes de TV et radios, les commentateurs
politiques dont de nombreux chiens de garde de la pensée unique sont en ordre de bataille pour faire croire à l'opinion que les scandales profiteraient automatiquement au FN.
Avec l'affaire Cahuzac, l'idée n'en finit pas de faire le tour des plateaux de télévision, des radios et de la
presse écrite. Et bien sur, cette évidence non démontrée erst le prétexte pour inviter l'extrême droite afin que ses représentants déversent leurs poisons et mensonges. Dans le même temps cette
srtatégie permet de mettre sous l'éteinoir la vraie perpective politique offerte à la France et aux français par le Front de Gauche.
À écouter les tenants de cette thèse, il y aurait là une pente fatale contre laquelle nous ne pourrions rien.
Comme souvent, les sondages arrivent à point nommé pour accréditer la pensée dominante. Selon un sondage 70% des Français pensent que l'affaire Cahuzac va profiter au Front
national. Il est vrai qu'à force de l'avoir entendu répéter sur toutes les antennes et sur tous les tons depuis une dizaine de jours, on comprend que cette fausse idée fasse son chemin. En
réalité, il est proprement scandaleux et irresponsable de répéter cette fausse idée en boucle.
D'abord parce que cela valide la stratégie nauséabonde du parti d'extrême droite et les mains soi-disant propres
de ses responsables. En fait, on l'absout. On l'idéalise. Alors qu'en vérité, les dirigeants du FN ont les mains sales, et jusqu'aux omoplates. La révélation par la presse de l'identité de celui
qui avait ouvert le compte suisse de Jérôme Cahuzac, Philippe Peninque, l'ami et le conseiller de Marine Le Pen, n'est que la
queue d'une très longue comète.
Les protestations de vertu de la Présidente du FN font presque rire. Car le mensonge est gros. Ainsi, Jean-Marie
Le Pen est lui-même un expert de la fraude, et a fait l'objet d'un jugement du Tribunal administratif dans un litige qui l'opposait au fisc en 1995. Jean-Marie Le Pen: un millionnaire qui n'a
rien à cacher, sauf son argent. Un Cahuzac avant l'heure!
La liste des responsables, des anciens ou des proches du FN condamnés à des titres divers est longue comme le
bras, qu'il s'agisse de diffamation, d'escroquerie, de prise illégale d'intérêt, de détournement de fonds ou d'incitation à la discrimination. Pour un parti qui stigmatise la corruption ou les
condamnations judiciaires des autres, c'est gênant et encombrant. Charité bien ordonnée commence par soi-même, dit-on -mais visiblement pas au Front National.
Ceux qui répètent à n'en plus finir, en prenant un air désolé, que les affaires profiteront au FN feraient
mieux, par conséquent, de rappeler cette réalité et de la mettre à jour.
Cette rengaine scandalise également parce qu'il pourrait bien s'agir d'une prophétie auto-réalisatrice. À force
d'asséner que les affaires font le lit de l'extrême-droite, on prend le risque de transformer une simple supputation en réalité. Quand on a fait le choix de s'engager, a fortiori à gauche, on ne
se contente pas de commenter, d'imaginer de quoi l'avenir sera fait en partant du principe qu'on n'y peut rien; on se bat pour transformer le réel. C'est l'essence même de l'engagement
politique.
Plutôt que de verser des larmes de crocodile en imaginant un avenir brun pour la France, chacun, à
gauche, devrait aujourd'hui se retrousser les manches et prendre au sérieux ce que révèle cette affaire.
Au-delà de l'homme, c'est un système qui est en cause. Quand la politique et l'argent ne font plus qu'un, cela
donne Jérôme Cahuzac. C'est cette intrication entre la politique et le monde des affaires qu'il nous faut combattre. C'est la place dévorante, dévastatrice de l'argent-roi qui devrait nous
occuper. Lorsque l'argent est au cœur de tout, alors plus rien ne compte: ni la morale, ni les valeurs républicaines, ni la parole qu'on tient devant la représentation nationale.
Répéter que l'extrême droite tirera immanquablement profit de tout cela, c'est partir perdant. C'est acter
l'idée que la gauche, hors PS, n'aurait rien à dire, rien à faire, rien à entreprendre pour faire reculer cette emprise de l'argent sur notre société.
Nous ne pouvons nous résoudre à cela. De cette crise, il faut sortir en mettant fin aux conflits
d'intérêts, en restaurant la confiance du peuple. Agiter le chiffon brun de l'extrême-droite ne sert à rien, sinon à faire peur.
La refondation républicaine que méritent les Français ne passe pas par des jérémiades, mais par un
sursaut, un partage radicalement nouveau des pouvoirs, des avoirs et des savoirs.
C'est tout le sens de l'appel à la marche pour
une VIème République lancée par le Front de Gauche le 5 Mai prochain.
Le 10 avril 2013