Nouvelle crise avec des centaines
de nouveaux départs
Il est loin l'enthousiasme qui avait entouré la création du NPA. Nn parti qui ne compte pas plus de 3 à 4 000 adhérents. "C'est un retour à la case départ, juge un militant, chercheur à Sciences Po. C'est assez terrible : une sanction politique, financière et symbolique..."
Après les 1,15 % à la présidentielle et 0,98 % aux législatives (comptabilisés avec Lutte ouvrière), cela ne pèse pas lourds face aux 11,1% de Jean-Luc Mélenchon.
Alain Krivine vieux leader charismatique estilme: " Il y a une dichotomie totale entre la sympathie que l'on nous porte et la
crédibilité électorale qui n'existe pas." bien qu'Olivier Besancenot avait réussi en 2002, comme en 2007, à réunir plus de 4% des voix, mais peut être plus par sa sympathie que par ses idées
révolutionnaires et parfois sectaires.
"La crise du NPA est créée par ses revers électoraux mais il fut un temps où ces derniers n'étaient pas un enjeu, explique un militant. Aujourd'hui, l'extrême-gauche a intégré le jeu électoral, ce qui pose un problème au NPA qui, contrairement à Lutte ouvrière, avait pour ambition de créer une alternative." Conséquence de ces résultats : le NPA a perdu son financement électoral.
Cette séquence est jugée "catastrophique" par Ingrid Hayes, porte-parole de la Gauche anticapitaliste. C'est une "étape difficile" pour Christine Poupin, porte-parole du NPA . Le bilan sera tiré, assure-t-elle, lors d'un congrès qui devrait se tenir d'ici à la fin de l'année. Mais pour Danièle Obono, qui a quitté le NPA début 2011 pour le Front de gauche, "c'est la confirmation de notre diagnostic" : "Ce qui reste au NPA en terme de pluralisme, de débat, c'est moins qu'à la LCR", attaque-t-elle.
La Gauche anticapitaliste est aujourd'hui en discussions avec plusieurs petits courants du Front de gauche . L'objectif : "peser davantage qu'un confetti." "Les copains vont se faire bouffer et ils le savent", riposte Alain Krivine.
Où s'arrêtera la chute ? Samedi 7 et dimanche 8 juillet, lors d'une conférence nationale, le parti d'Olivier Besancenot devrait tourner une nouvelle page de son histoire avec une énième vague de départs.
Très critique envers la direction qualifiée de "sectaire", le courant de la Gauche anticapitaliste (GA) - qui représentait 40 % au congrès de juin 2011 - devrait officialiser ce week-end son départ pour le Front de gauche. "A force de louper le train de l'unité, de ne pas tirer le bilan des échecs, le NPA va droit vers une certaine marginalisation. C'est assez triste", juge Pierre-François Grond, l'ancien bras droit d'Olivier Besancenot qui a quitté le parti voilà déjà quelques semaines après y avoir milité plus de 28 ans.
Au final, c'est une génération de cadres qui s'en va. "Des gens formés", reconnaît Alain Krivine. Cette figure historique de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), ancêtre du NPA, tente cependant de minimiser la situation . La GA parle elle de "plusieurs centaines" de départs ; beaucoup ayant déjà franchi le pas. "Ce n'est pas une surprise : c'est une crise qui existait depuis des mois, juge de son côté Olivier Besancenot.
Le NPA compte maintenant sur une mobilisation sociale forte pour se refaire une santé. "En ce moment, il y a une situation qui reste explosive", veut croire Alain Krivine. Mais un autre dirigeant souligne de son côté qu'il est moins facile de se mobiliser sous un gouvernement de gauche. "Les relais traditionnels du mouvement social sont plus ou moins paralysés par la gauche au pouvoir", explique le chercheur.
Mais une fois de plus, le NPA retrouvera sur son chemin le Front de gauche qui compte bien, lui aussi, être aux côtés des manifestants.
Le 8 juillet 2012