La Fédération des mutuelles de France (Fmf) appelle au rassemblement des mutualistes devant l'Assemblée nationale ce mardi 26 novembre à partir de 14 heures. Jean-Paul Benoit, le président de la Fmf, nous explique les raisons de cette mobilisation pour un vrai débat démocratique.
Pourquoi faire le choix d'un rassemblement devant l'Assemblée nationale en ces jours de vote du budget de la Sécurité sociale ?
Jean-Paul Benoit : Les évolutions dans le domaine de la protection sociale sont préoccupantes. Les engagements pris par le président de la République devant la mutualité n'ont pas été tenus. Et le gouvernement nous annonce aujourd'hui un Plfss (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) qui aggrave la situation et va à l'encontre des propositions que nous avions faites… et à l'opposé de son propre programme !
Dans un premier temps, nous nous sommes adressés aux parlementaires et avons organisé des débats un peu partout en France autour du thème « Une mutuelle pour tous ».
Mais avec l'Ani (accord national interprofessionnel) et le Plfss, qui aggrave la situation, le gouvernement n'a pas fait le choix du débat autour de ces questions de société et vient de mettre fin à la discussion parlementaire de façon violente en faisant le choix du vote bloqué au Sénat. Un fonctionnement antidémocratique qui était dénoncé par la majorité actuelle lorsqu'elle était dans l'opposition…
Face à ce blocage absolu du pouvoir exécutif, nous avons décidé que nous devions rendre visible le ras-le-bol suscité par la montée des inégalités en matière de santé. Ça suffit ! Nous ne pouvons pas laisser détruire notre contrat social. Ce qui se passe aujourd'hui est socialement insupportable. Il faut aujourd'hui remettre l'intérêt général au centre du débat. C'est le but de ce rassemblement.
Que reprochez-vous au Plfss 2014 ?
Jean-Paul Benoit : Ce Plfss a des aspects extrêmement négatifs. Non seulement les taxes ne baissent pas, mais de nouveaux prélèvements sur les mutuelles sont créés. En 2014, chaque adhérent mutualiste consacrera deux mois de cotisations à payer des taxes.
Ensuite, les « clauses de recommandation » vont déstructurer complètement notre système de protection sociale, casser les solidarités et bouleverser le périmètre de la Sécurité sociale. Et tout cela, sans un vrai débat démocratique.
Enfin, la mise en concurrence de l'Acs (aide à la complémentaire santé) va aboutir à mettre en place des contrats pour les plus pauvres, comme vient de le souligner le président de l'Ufc-Que choisir. C'est inacceptable !
On peut aussi citer l'Ondam (objectif national des dépenses de l'assurance-maladie) qui se voit encore réduit. Ce qui aura pour conséquence d'accroître la crise dans les hôpitaux publics.
Que réclamez-vous aujourd'hui ?
Jean-Paul Benoit : Nous avons quatre demandes précises.
– Une réforme ambitieuse du financement de la protection sociale pour une prise en charge solidaire des nouveaux besoins, comme la dépendance. Nous la réclamons depuis des années et cela ne peut plus attendre.
– Une réforme globale du système de santé pour lutter à la fois contre les déserts médicaux et les dépassements d'honoraires. Il y a urgence, rappelons que 10 millions de personnes en France n'ont plus d'accès aux soins.
– La suppression des taxes sur la santé. Elles excluent 4 millions de personnes de l'accès à la complémentaire santé, et donc de l'accès aux soins.
– Enfin, nous exigeons le maintien du caractère solidaire de l'ensemble de la couverture santé et le retrait immédiat des clauses de recommandation.
C'est pourquoi nous invitons les mutualistes à se mobiliser ce mardi 26 novembre, dès 14 heures, devant l'Assemblée nationale.