Aux actes citoyens !
La gauche majoritaire, majorité absolue pour le PS
Avec 343 sièges, contre 231 pour la droite parlementaire et 3 pour l'extrême droite, les forces de gauche obtiennent une confortable majorité à
l'Assemblée.
Mais c'est surtout au sein de ce groupe des forces de gauche que se situe la - relative - surprise du second tour : le PS obtient finalement seul la
majorité absolue, avec 302 sièges, soit 11 de plus que le nécessaire. En ajoutant les partis associés que sont le MRC et le PRG, cette majorité se monte à 316 sièges, qui n'auront pas à composer
avec le Front de Gauche et ses 4 millions d'électeurs qui ont permis la victoire de Hollande à la présidentielle. C'est un paradoxe qu'assume le PS et Hollande.
Mais les forces de gauche n'obtiennent pas les 3/5 des sièges au Congrès.
Au Congrès (Assemblée et Sénat réunis), ces 3/5 sont nécessaires pour des réformes constitutionnelles, comme par exemple le droit de vote des
étrangers aux élections locales. Au Sénat, la gauche détient 177 sièges ; il lui fallait obtenir 378 sièges à l'Assemblée (pour atteindre les
555 parlementaires requis).
Le PS prendra t-il cet argument pour reculer sur les engagements pris dans la campagne de Hollande. Il y a tout lieu de le craindre. A moins qu'un
mouvement citoyen suffisament fort se dresse pour obliger socialistes et droite à adopter les réformes constitutionnelles annoncées.
La droite battue à plate couture!
Après la sévère défaire de Sarkozy et le rejet massif de sa politique, l''UMP pensait limiter la casse. C'est un gros revers.
De nombreuses personnalités UMP sont battues, dont plusieurs sarkozystes, notamment ceux qui se sont engagés dans sa campagne. C'est dire le niveau de rejet atteint par ce personnage qui a
traumatisé la France et fait honte à son peuple en Europe et au plan international.
Parmi eux, l'ancien ministre de l'intérieur, Claude Guéant, s'est incliné face au dissident UMP, dans la 9e circonscription des
Hauts-de-Seine où il était parachuté. Nadine Morano qui fricotait avec le FN, a également été battue en Meurthe-et-Moselle. Valérie Rosso-Debord et Guillaume Peltier, très actifs pendant la
campagne présidentielle, ont connu le même sort.
Deux autres échecs de poids dans les rangs de l'UMP : celui de Michèle Alliot-Marie, ou encore du secrétaire général adjoint de l'UMP, Hervé
Novelli. H. Guenot la plume de Nicolas Sarkozy arrive à gagner son siège à l'Assemblée mais dans une circonscription taillée pour la droite.
Autre échec à droite retentissant celui du Modem de Bayrou qui n'aura que deux élus. Bayrou est battu chez lui, il paie son engagement
pour l'austérité au nom du retour à l'équilibre des comptes mis dans le rouge par la politique de Sarkozy-Fillon.
Le FN avec deux élus à l'Assemblée subi un échec cinglant
Avec une vingtaine de triangulaires sur 100 escomptées, le FN n'envoie que deux élus à l'Assemblée : Marion Maréchal-Le Pen à Carpentras, qui doit
son élection à la candidate socialiste qui a décidé de se maintenir au second tour, et l'avocat Gilbert Collard élu dans le Gard. Côté extrême droite on peut rajouter le maire d'Orange, Jacques Bompard, membre de
la Ligue du Sud.
Marine Le Pen, la mine défaite a du annoncer son revers à Henin Beaumont. La candidate FN qui croyait pouvoir annoncer une surprise au soir du
second tour, a du constater son cinglant échec. Les électeurs entre les deux tours des législatives, se sont ressaisis et ont certainement pensé que le changement était plus sur avec le parti
socialiste plutôt qu'avec le FN dont les propositions nous entraînaient tout droit vers une catastrophe sociale et économique. Et puis celles et ceux qui pensaient en votant FN, condamner le
système actuel, en voyant des candidats FN se rapprocher des candidats UMP, ont peut être réagi en se disant que le FN n'était que pure comédie, et qu'au fond il était comme les autres, il
entendait profiter du système pour avoir des élus et du fric.
Les écologistes assis le cul entre deux chaises
Au sein de la gauche, l'hégémonie du PS ne sera pas disputée. Si EELV apparaît comme le gagnant avec 17 élus (es) de l'accord conclu avec les
socialistes avant la campagne présidentielle. Ce résultat est disproportionné avec celui de la présidentielle. Il doit cela aux voix socialistes et non à une campagne écologique beaucoup mieux
portée par le Front de Gauche avec la planification écologique. Les Verts pourront avec 17 sièges avoir un groupe parlementaire.
Mais depuis ce second tour, il semblerait que le PS toujours aussi hégémonique est mis comme condition que les votes de EELV à l'assemblée soit
toujours positif. Enfin, autre revers, C. Duflot, ministre du logement doit cèder son siège de député à sa suppléante socialiste. Le PS disposant de la majorité absolue sans les écologistes, ces derniers auront la plus grande peine à peser dans la majorité la majorité. Ils sont assis entre deux
chaises.
Royal est nettement battue à La Rochelle, Lang perd dans les Vosges : une triste page se tourne!
Ségolène Royal et Jack Lang, deux figures du
Parti socialiste qui avaient montré leur intérêt pour la présidence de l'Assemblée nationale, sont les grands perdants à
gauche de ce deuxième tour. Dans l'électorat socialiste on n'aime plus trop les parachutés (es).
En Charente-Maritime, Ségolène Royal a été sévèrement battue par le socialiste Olivier Falorni qui l'a emporté avec 62,97 % des suffrages . Dans la soirée, la
question de la réintégration d'Olivier Falorni a suscité des déclarations divergentes au sein du parti. "Je serai dans l'Hémicycle du côté gauche", a réagi le
vainqueur .
Dans les Vosges, Jack Lang, député sortant du Pas-de-Calais, n'a recueilli que 49,12 % des suffrages face au député UMP sortant, Gérard Cherpion.
Interrogé sur BFMTV, l'ancien ministre de la culture a jugé comme un "grand malheur pour le
département des Vosges que d'être montré du doigt". Rien que ça!
Le Front de Gauche encore en progrès, est victime d'un système électoral antidémocratique.
Après les présidentielles avec 11.1% et 4 millions de voix qui ont permis l'élection de François Hollande, le Front de Gauche connaît un nouveau
progrès avec 6.95% soit un gain de 2.66% et de 700 000 voix sur 2007. C'est maintenant la deuxième force à gauche solidement installée.
De plus, il est la seule force à offrir une alternative radicale, sociale et écologique avec le système économique en place en crise profone et
durable. Malheureusement, le système électoral qui fait des législatives une élection qui valide les choix de la présidentielle, telle que voulue par Jospin et Chrirac, entraînant vote utile et
abstention massive, le Front de Gauche ne gagne que 10 élus (es) (9 communistes et un Parti de gauche).
Le Parti Communiste, la force la plus importante du Front de Gauche, après consultation de ses adhérents a décidé de ne pas participé au
gouvernement Ayrault. Le premier ministre ayant fait savoir que le programme de Hollande n'était pas négociable. Ce qui en dit long sur les volontés hégémonique du PS sur ses partenaires.
Pour avoir un groupe parlementaire, le Front de Gauche s'est rapprochée des députés d'outre-mer, notamment des deux députés du Mouvement
indépendantiste martiniquais. Un accord possible était en bonne voie avec comme président André Chassaigne.
Jean Luc Mélenchon, l'homme qui a tiré le Front de Gauche à la présidentielle est en échec dans le Pas de Calais avec son élimination dès le 1er
tour. Il semblerait qu'il ait été la victime de sa stratégie Front contre Front médiatisée à outrance et peu appréciée des électeurs de gauche, au moins dans le Pas de Calais, mais aussi ailleurs
semble t-il.
La Droite populaire perd la moitié de ses membres
L'aile la plus à droite de l'UMP paie un lourd tribut à ces législatives. Ses membres semblent ne pas profiter du fait que les thèmes qui leur sont chers - l'immigration notamment - aient été placés par les
médias et le FN au cœur du débat lors des campagnes présidentielles et législatives.
Sur les 41 membres du collectif, 21 ont été battus. Si deux ont été élus, respectivement dans les Alpes-Maritimes et les Yvelines, d'autres membres
emblématiques de ce groupe ont connu la défaite. C'est notamment le cas d'Eric Raoult en Seine-Saint-Denis ou de Maryse Joissains-Massini, la maire d'Aix-en-Provence qui s'était illustrée en
jugeant "illégitime" l'élection de François Hollande. Quant à Christian Vanneste, le député du Nord qui n'avait pas l'investiture de son parti après une déclaration homophobe, il
ne pas pas le premier tour.
Une question stratégique se pose pour eux, vont-ils rejoindre le FN et contribuer à une recomposition de la droite en l'extrême-droitisant ou
vont-ils faire le choix de rester au sein de l'UMP en essayant d'influer les orientations de celle-ci dans le prolongement de ce que Sarkozy et Guéant avaient entrepris, mais sans succès.
Les ministres du gouvernement tous réélus
Jean-Marc Ayrault avait prévenu : tout ministre battu aux législatives devrait quitter son poste. Ce cas figure ne se présentera pas : les 25 membres du gouvernement qui étaient candidats
ont été élus ou réélus. Six d'entre eux avaient été élus au premier tour. Quant aux 19 autres, la tâche était plus ou moins ardue.
L'élection la plus difficile était celle de Marie-Arlette Carlotti, candidate dans la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône face à l'UMP Renaud Muselier, et qui a finalement été élue. La décision de M. Ayrault de demander la démission des ministres battus avait provoqué le retrait de Najat Vallaud-Belkacem et de Christiane Taubira des campagnes dans
lesquelles elles s'étaient lancées. Etrange comportement que de refuser le verdict des électeurs dans son propre département. Ils le feront savoir à leur manière.
Malgré un découpage réalisé et présenté par l'opposition comme favorable à la droite, le PS l'emporte dans les circonscriptions des députés
représentant les Français de l'étranger. Huit députés sont élus, dont un écologiste, contre trois seulement pour l'UMP. La gauche améliore son score du premier tour, où elle était en tête dans
sept circonscriptions. Alors que l'UMP espérait gagner cinq circonscriptions,
elle n'en remporte que trois. Les anciens ministres F. Lefebvre et Marie-Anne Montchamp échouent, contrairement à Thierry Mariani.
Le PS a tous les pouvoirs pour réussir le changement.
Le changement devrait commencer à se voir dès la session d'été de l'Assemblée Nationale qui débute le 29 juin. Le Parti Socialiste a tous les
pouvoirs : l'Assemblée Nationale, le Sénat, 21 régions sur 22, de nombreux maires sont socialistes ou de Gauche, il dispose donc de tous les leviers essentiels pour mettre en oeuvre une politique
radicalement différente de celle de la droite et surtout qui réponde aux attentes sociales exprimées majoritairement par les français dans cette séquence électorale.
Les deux seules choses qui lui manquent sont le pouvoir économique détenu par les grands groupes et le pouvoir financier détenu par les banques et
les marchés financiers qui sont les responsables de la grave crise que nous connaissons. Le PS a donc les moyens d'imposer que ces deux acteurs dominateurs de la vie économique et sociale de
notre pays se mettent au service du progrès social et du développement, au service de l'intérêt général et non plus au service de ces assistés que sont leurs actionnaires !
Cela va nécessité des mesures courageuses mais incontournables si le PS veut réussir le changement. Aura t-il le courage ou capitulerat-il ? Déjà
les pressions se font fortes.
De la part de la droite qui espère que le PS poursuivra sa politique d'austérité qui, selon elle, ferait consensus.
De la part du Medef dont la présidente, après avoir soutenu Sarkozy, fait du contortionnisme pour tenter d'amadouer et rendre réalistes les
dirigeants du PS.
De la part des grands groupes qui annoncent dès maintenant des suppressions massives d'emplois comme Doux, Air France, Peugeot ou le secteur
bancaire.
De la part de la droite européenne, tel que Cameron (Grande Bretagne) qui se dit près à dérouler le tapis rouge aux entreprises françaises qui
voudraient s'expatrier pour ne pas payer d'impôt ou de charges supplémentaires, ou telle que Merkel qui veut imposer son orientation politique austéritaire à toute l'Europe, croyant encore avoir
en face d'elle un Sarkozy qui se couchait dès qu'elle haussait le ton.
De la part des technocrates européens (non élus) qui veulent à tout prix imposer aux peuples d'Europe une cure d'austérité sans pareille et pour
cela veulent contrôler, autoriser et refuser ce qui ne va dans leur sens dans chaque pays de l'Union dont la France.
Enfin, il y a la pression quotidienne des nouveaux chiens garde de "la pensée unique" mis en place sous Sarkozy et qui tous les jours déversent
contre vérité, mensonges et leurs solutions néolibérales, visant à faire rentrer dans les têtes l'acceptation de la rigueur et des efforts. Ils font comme si rien ne s'était passé, et ils osent
rajouter mais "on avait pas tout dit aux français pendant la campagne". Un nettoyage de printemps semble nécessaire dans les télés et les radios. Il faut avoir le courage de vite
l'entreprendre.
Cela fait beaucoup d'adversaires du changement à porter le même discours et les mêmes réponses néolibérales. Plutôt que de céder, le PS doit
affronter et développer les valeurs de la gauche et ne pas reculer d'un pouce afin de présenter à l'Assemblée les réformes sociales attendues des français.
Intervenir pour faire gagner le changement, l'intervention vcitoyenne et le rôle des syndicats.
Par exemple, la droite et le Medef ne cesse d'accuser la France de faire trop d'assistanat. Ils stigmatisent les chômeurs, les exclus, les Rmistes,
les jeunes diplômés sans job, les immigrès, etc. Le PS doit monter au front et affirmer qu'il ne s'agit pas d'assistanat mais des solidarités de notre peuple construites au cours des décennies
passées et financées par les richesses produites par les salariés. Il doit avoir le courage de montrer du doigt, les grands groupes, les banques et les marchés financiers qui sont les premiers
assistés de notre pays. Ceux-là n'arrêtent pas d'en redemander, la droite n'a cessé de répondre à leurs demandes les plus scandaleuses au point de vider les caisses. La France n'a plus les moyens
de gâcher des milliards qui seraient beaucoup plus utiles pour financer les solidarités et les attentes sociales qui urgent.
L'exemple le plus significatif est celui des cotisations sociales, salaire socialisé qui appartient à la collectivité salariée.
Chaque année, un minimum de 30 milliards d'euros est transféré aux entreprises soit disant au nom de l'emploi. Depuis plus de 20 ans ont met les
comptes sociaux en difficulté et auncune incidence réelle a lieu sur l'emploi. Pire, ces groupes se gavent de fonds publics et continuent à supprimer massivement des emplois! Ce scandale doit
cesser. C'est la tâche première d'un gouvernement portant les vraies valeurs de gauche.
Bien sur, nombre d'électeurs ont voté socialiste sans illusion. Mais on ne peut rester l'arme au pied, attendant que les choses se fassent toutes
seules. La déception risque alors d'être vite là ! Il y a besoin que les citoyens s'en mêlent fortement.
Pour cela les syndicats vont avoir un rôle primordial à jouer, tout comme les forces de gauche qui refusent la fatalité. La conférence social de
début juillet fournira de première indications sur l'état d'esprit de ce gouvernement et sur sa volonté réelle de répondre aux attentes. Les français doivent être présents à ce premier
rendez-vous, pour mettre le changement sur de bons rails.
Aux actes ciotyens !
Le 22 juin 2012