Présentation d'Alain Saint-Patrice
à l'assemblée des communistes du lundi 18 juin
Avec le 2ème tour des législatives nous terminons une séquence électorale débutée il y un an. Il était temps.
Le PS a une majorité absolue de sièges à l’Assemblée avec 302 sièges. Aves ses alliés, il dispose d'un total de 332 sièges. Premier paradoxe, alors qu’il ne progresse que de 4.49%, il remporte au 2ème tour 302 sièges avec un progrès de 120 sièges.
Le Front de Gauche obtient 10 élus (es). L’accord passé entre les deux tours avec le PS a permis d’assurer l’élection de 6 députés Front de Gauche alors que le PS en assurait 9.
Sur 25 candidats Front de Gauche sortants ou en position de se maintenir au second tour :
- 9 ont été laissés au PS ou ses alliés,
- 6 sont élus(es),
- 4 sont élus dans des duels avec la droite ou avec des triangulaires,
- 4 sont éliminés dès le 1er tour :
- Michèle Picard à Vénissieux qui remplaçait André Gerin député sortant sur la 14ème circonscription du Rhône,
- Jean Luc Lanouilh dans l’Aisne qui remplaçait le divers gauche sortant Delassangre,
- Martine Billard qui a changé de circonscription à Paris,
- et Jean Claude Renaux dans la Somme qui se présentait dans la circonscription détenue par Maxime Gremetz.
- 2 sont battus au 2ème tour : Patrick Braouzec député maire sortant à Saint Denis et Fabien Thiémé face à Borloo à Valenciennes.
De 19 sortants, nous passons à 10 élus (es) malgré des progressions au 1er tour et malgré une progression nationale de 686 672 voix et + 2.66%. Nous ne devrions pas avoir de groupe parlementaire sauf si les discussions engagées avec les députés d'Outre-mer débouchent.
Un député Front de Gauche avait besoin en moyenne de 58 720 voix pour être élu en 2007, il en faut maintenant 182 230, soit 3 fois plus, avec le système électoral actuel et les redécoupages opérés par la droite qui a ciblé des circonscriptions tenus par le Front de Gauche. C'est le cas sur Vénissieux, pour Martine Billard à Paris et pour André Chassaigne dans le Puy de Dôme.
La Présidentielle suivie des législatives a donc renforcé l’hyper présidentialisme et le bipartisme pourtant mis à mal avec les scores au 1er tour de la Présidentielle, d’une part du Front de Gauche (11.1%) et d’autre part du FN (17.90%) qui a eux deux comptent plus de 10 millions de voix (30%).
Pour les électeurs, la politique du pays se déciderait à l’Elysée alors que la constitution prévoit que c’est le gouvernement avec l’Assemblée Nationale qui la décide. Pourtant le PS reste arc-bouté sur cette conception erronée. Ainsi pour nombre d’électeurs, une fois le président élu, il faut lui donner une majorité pour qu’il puisse mettre en œuvre sa politique. Le PS a joué de cette situation. Au final, il y a un véritable problème de représentation démocratique du pluralisme puisque :
- Avec 29% au 1er tour, le PS a 52% du total des élus,
- Avec 26% au 1er tour, l’UMP a 36% du total des élus
Alors que le Front de Gauche avec 6.91% au 1er tour n’a que 1.7% du total des élus.
Il y a donc urgence à entreprendre des réformes institutionnelles importantes pour une représentation parlementaire fidèle à la réalité de l’audience des forces politiques de notre pays. C’est le défi de la reconnaissance du pluralisme politique, un des droits fondamentaux de notre pays, qui est à relever. Nous proposons la proportionnelle intégrale, ce qui ne devrait faire aucun obstacle chez l'ensemble des démocrates.
La droite est battue à plate couture. Après avoir chassé Sarkozy notre peuple vient de chasser l’UMP et certainement une partie de ses élus (es) engagés dans la droite populaire et prête à s’allier avec l’extrême droite. Ainsi Guéant, Nadine Morano et Alliot-Marie sont battues. D’autres anciens poids lourds de la politique française le sont également, comme Bayrou, Jack Lang, Muselier ou Ségolène Royal.
Enfin nous ne pouvons qu’être pleinement satisfaits de la défaite de Marine Le Pen à Hénin Beaumont et regrettons l'attitude de la candidate socialiste du Vaucluse qui a permis l'élection de la canididate de l'extrême droite.
Malheureusement Michel Terrot dans notre circonscription est réélu. Au second tour, il recueille 54.68% contre 45.31% à Sechaud la candidate socialiste.
Nous constatons que Sechaud fait le plein des voix de gauche du 1er tour, y compris elle gagne un peu des abstentionnistes mais en nombre beaucoup trop limité. Cela lui permet d’avoir un pourcentage en hausse de 3.65% par rapport au total de la gauche au 1er tour qui s’élevait à 41.66%. Nous ne pouvons que nous féliciter de ce report très positif des électeurs de gauche.
Trois caractéristiques dans cette circonscription.
- D’une part, elle est taillée sur mesure pour la droite avec des villes comme Tassin, Sainte Foy, Charly ou Vernaison, traditionnellement à droite, qui lui garantissent un matelas conséquent de voix pour être élue, quelle que soit les situations nationales ;
- D’autre part une difficulté chronique du PS à rassembler au-delà de l’électorat de gauche classique, c’était vrai pour Lambert en 2002 et Pommateau en 2007 et Chizat en 2011 à la cantonale. Cela est encore vérifié avec Sechaud en 2012 alors que les conditions politiques étaient très favorables et que la gauche était majoritaire aux élections régionales de 2010.
- Enfin notre organisation du PCF handicape toute la gauche, car à part Pierre Bénite, Oullins et à un degré moindre Francheville, notre implantation est trop faible dans les autres villes exceptés des adhérents trop isolés pour être pleinement efficaces malgré tous leurs efforts. C’est une question à la quelle nous devrons nous attaquer plus fermement dans les mois à venir. Cela ne doit pas effacer le fait que depuis le lancement de la campagne nous recensons des adhésions nouvelles et que 6252 électeurs Front de Gauche au 1er tour de la présidentielle constitue une force importante à mettre en mouvement pour contribuer à la réussite du changement.
Des choses bougent donc dans le bon sens. J’en veux pour preuve le score réalisé par Daniel au 1er tour. 5.19% avec une progression de 1.74% et de 690 voix sur 2007.
Daniel progresse dans toutes les villes de la circonscription, excepté Pierre Bénite. Il nous faut chercher ce qui n’a pas marché sur Pierre Bénite. Il nous faut passer au peigne fin, notre activité politique, la perception qu’ont les gens de notre gestion municipale, sans omettre de préciser que nous ne sommes plus seuls avec un PS organisé et une droite agressive qui organise déjà des passerelles avec une extrême droite à plus de 14%.
En même temps mesurons que Daniel se présentait pour la 1ère fois, et qu’il a encore besoin d’être connu et reconnu. Je pense qu’il constitue notre atout pour un proche avenir. Nous tenons à le remercier de son investissement.
Nous disposons d’un potentiel qui a grandi avec la présidentielle. 6252 voix sur la circonscription dont près de 1000 à Pierre Bénite.
A la législative, nous ne retrouvons que 37.8% de ces voix sur la circonscription et 59,6% à Pierre Bénite. Ces deux chiffres sont à rapprocher mais ils mettent en évidence l’incidence positive de la force communiste organisée et active à Pierre Bénite. Ceci étant sur la circonscription 63% des électeurs Front de Gauche ont disparu à la législative et à Pierre Bénite ils représentent 40%.
Qu’est ce qui a causé ce manque entre les deux élections pourtant très rapprochées ? Cela fait partie des enseignements que nous devons tirer de cette séquence électorale. Jean Chambon apportera quelques réflexions personnelles à ce qui va constituer notre débat des prochaines semaines.
Voilà pour les résultats. Mais je pense que nous avons besoin de lucidité et d’analyse politique plus fine pour avancer et construire l'avenir.
Le 18 juin 2012